Médecine intégrative et thérapeutiques complémentaires

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Oublions d’emblée le terme de médecine alternative. Le champ médical est un et les thérapeutiques conventionnelles, notamment pour les maladies vitales sont indispensables. Nous savons que cette médecine ne peut pas tout, surtout dans les domaines ou les paramètres humains prédominent comme la douleur, les maladies chroniques ou les troubles psychologiques. La médecine intégrative fait appel à des thérapeutiques complémentaires pour compléter ces carences.

Soyons clairs, les pratiques non conventionnelles, hormis celles qui sont réglementées comme l’homéopathie ou l’acupuncture, laissent la part belle à des thérapeutes dont le bagage médical est très pauvre.

 

Quelle est la situation en Europe ?

Contrairement à certains de nos voisins comme l’Allemagne ou la Suisse qui ont encadré les pratiques non conventionnelles, la France est très en retard sur ce sujet. En Allemagne, les naturopathes, nommés Heilpraktiker, disposent d’une durée d’un à trois ans de formation incluant des notions médicales qui permettent d’identifier les urgences et la nécessité du recours à un médecin. La Suisse forme les praticiens de santé avec plus de 1000 heures dont une formation médicale. C’est ce qui manque à certains de nos thérapeutes complémentaires pour assurer la sécurité des patients.

Le Collège Universitaire des Médecines Intégratives et Complémentaires (CUMIC) se penche sur la question. Il a exprimé dans une tribune publiée dans le Monde du 11 novembre 2022 son souhait d’un encadrement de la formation des thérapeutiques complémentaires. Un travail préalable de l’Agence des Médecines Complémentaires et Adaptée (A-MCA), dont je suis un des experts, montre la carence en formation médicale de la plupart des thérapeutiques complémentaires. La formation des ostéopathe, mieux encadrée, a permis de faire un tri dans les écoles pour ne garder que celles qui proposent un enseignement de qualité.

 

Des thérapeutiques réglementées

Deux thérapeutiques complémentaires sortent du lot : l’homéopathie et l’acupuncture. La formation des homéopathes, dont la pratique est réservée aux professions médicales, a fait l’objet d’une norme européenne encadrant le contenu. 400 heures sont exigées pour cette formation incluant un stage obligatoire. Un Diplôme Inter Universitaire (DIU) a repris après la période pandémique. La pratique de l’acupuncture est réservée au corps médical. La formation fait également l’objet d’un diplôme Inter Universitaire de qualité.

Ces pratiques montrent la voie d’une association possible entre la médecine conventionnelle et des pratiques complémentaires encadrées.

 

Différentes pistes envisagées

Concernant les pratiques non médicales, deux pistes sont à l’étude. La première, qui semble incontournable serait d’exiger une formation médicale minimum sur les risques vitaux et la capacité à orienter sur un médecin.

La seconde serait d’imposer un lien direct avec le médecin traitant sous forme par exemple d’une prescription. Le suivi serait assuré par le médecin, garantissant le risque de perte de chance d’un diagnostique non fait ou d’un retard de traitement vital.

 

La médecine est une et doit être intégrative. N’oublions pas que l’essentiel tient dans le Primum Non Nocere (tout d’abord ne pas nuire) et cela est autant valable pour les thérapeutiques conventionnelles que de ne pas induire de risque au patient du fait de pratiques illusoires. Les thérapeutiques conventionnelles pratiquées par des professionnels de santé garantissent de bonnes connaissances médicales. Le soin n’étant pas l’apanage des professionnels de santé, les non médecins auraient tout intérêt à participer à cette réforme de leur formation pour qu’ils puissent prendre toute leur place dans le système de soin.

Par Antoine Demonceaux

Médecin généraliste, homéopathe et psychanalyste

Bonjour, je m'appelle Antoine Demonceaux. Je suis médecin généraliste, homéopathe et psychanalyste depuis plus de 35 ans. Je suis également le Président de l'association Centre Ressource Reims.