Les pharmaciens sont en colère !

Depuis mars, les pharmaciens sont en première ligne dans la lutte contre la pandémie du coronavirus, à l’instar de leurs collègues médecins. Mais, contrairement à ces derniers, ils estiment que l’Etat ne les récompense pas à la mesure de leurs efforts. Pis, il les sanctionne financièrement, avec notamment le maintien du déremboursement de l’homéopathie.

Depuis mars, les pharmaciens sont mobilisés pour freiner la pandémie du nouveau coronavirus. Les officinaux ont réalisé de nombreuses actions d’intérêt général à titre gracieux, par exemple dans le domaine de la prévention. Ils ont aussi assuré la continuité des traitements des patients, sans aucune rémunération particulière.

En outre, les pharmacies ont fourni des masques de protection aux professionnels de santé ou encore distribué du gel hydroalcoolique. La crise sanitaire n’étant pas terminée, ils continuent de tenir leurs engagements sur le terrain, élargissant même leurs compétences, notamment en matière de vaccination. Mais, leur profession fait face à de nombreuses difficultés depuis plusieurs mois.

Des sanctions financières pour les pharmaciens ?

Dans une tribune publiée sur Lepharmaciendefrance.fr, Philippe Besset, Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, énumère les mesures défavorables de l’Etat à l’encontre de la profession : « une révision à la baisse du montant des honoraires complexes », qui « va coûter 60 millions d’euros au réseau officinal » ; « la réduction des délais d’écoulement de stock de 30 à 18 jours » qui « aura un impact de 45 millions d’euros ».

Ainsi, « avec les baisses de prix qui vont se traduire par un manque à gagner de 60 millions d’euros, la perte pour les officines va s’élever à 230 millions d’euros cette année ». En outre, M. Besset souligne que « la non prise en compte du déremboursement de l’homéopathie va entraîner une diminution de [leur] rémunération réglementée de 120 millions d’euros ».

Nécessité de maintenir le remboursement à 15%

En juin 2019, l’ex ministre de la Santé Agnès Buzyn a décidé que le taux de remboursement de l’homéopathie passait de 30% à 15% en 2020, puis à 0% au 1er janvier 2021, suivant les recommandations de la Haute Autorité de Santé. Celle-ci avait conclu à l’« efficacité insuffisante » des produits homéopathiques après neuf mois d’enquête.

Une décision qui a suscité le courroux des laboratoires pharmaceutiques et des associations de patients, convaincus du contraire. Un avis partagé par l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Ce dernier propose une solution d’apaisement, qui concilie les impératifs de reste à charge zéro pour l’Assurance Maladie.

L’USPO a souhaité le maintien d’un taux de prise en charge par l’Assurance Maladie à 15%. Ce qui permettrait d’atteindre l’objectif d’un reste à charge zéro par l’Assurance Maladie, en raison de la franchise à la boite de 0,50 €. Cette proposition, qualifiée de temporaire, aura les mêmes effets pour l’Assurance Maladie qu’un déremboursement, sans les effets négatifs du déremboursement brutal sur un marché qui perd déjà des volumes de façon importante tous les ans.

« Un mauvais message envoyé aux pharmaciens »

Dans leur ensemble, les pharmaciens n’ont donc pas bien accueilli la décision d’Agnès Buzyn, à l’image de Damien Jacquot, établi à Breteuil (Eure). Ce pharmacien a estimé que le gouvernement a fait une erreur en optant pour le déremboursement de l’homéopathie.

« Cette rémunération étant assez importante pour certaines pharmacies, vitales pour certaines d’entre-elles, c’est un mauvais message envoyé aux pharmaciens et à tout le secteur. Lorsque nous allions négocier les conventions ces dernières années, il était prévu que l’on puisse bien gagner notre vie sur la vente d’homéopathie. Et quelques années après, on nous coupe l’herbe sous le pied », a-t-il regretté dans les colonnes du quotidien Le Réveil Normand.

 

Par SafeMed

Collectif de patients et professionnels de santé pour une médecine intégrative.