Psychanalyse : la nouvelle cible des scientistes

Dans une tribune publiée dans « l’Obs », le 22 octobre 2019, une soixantaine de praticiens, conduits par la réalisatrice Sophie Robert, a exigé la proscription de l’enseignement de la psychanalyse à l’Université et son interdiction dans les tribunaux. Leur argument : cette discipline serait une science conjecturale mettant en grand danger le patient. Un nouvel exemple de fondamentalisme scientiste ?

Psychanalyse : les mêmes accusations que contre l’homéopathie

La psychanalyse connaitra-t-elle bientôt le même sort que l’homéopathie ? Sophie Robert, jeune réalisatrice en lutte contre l’influence de cette discipline depuis plusieurs années, a lancé une tribune dans « l’Obs », dans laquelle elle appelle à bouter la psychanalyse des tribunaux et de l’Université.

Déjà signée par une soixante de psychiatres et de psychologues, la tribune dézingue complètement la « science » de Sigmund Freud. On y lit que la psychanalyse freudo-lacanienne est « en violation avec la médecine et l’état des connaissances en santé mentale » et qu’elle promeut des « dogmes idéologiques, fondés sur des postulats obscurantistes et discriminants sans aucune validation scientifique ».

Dans les universités, elle « déstabilise ses auditeurs » et place les étudiants « en danger d’emprise sectaire ». Les patients, eux, « paient le prix fort d’une prise en charge digne d’un autre âge ». Rien de moins pour une attaque en règle contre une thérapie alternative qui a le malheur de sortir des clous d’un scientisme étriqué.

La question de la sexualité dans la psychanalyse

Auteure du documentaire choc « le Mur » qui, en 2011, dénonçait la vision psychanalytique de l’autisme et ses effets au sein du milieu hospitalier, Sophie Robert revient dans cette tribune sur une autre critique formulée dans son nouveau documentaire, « le Phallus et le néant », actuellement accessible en VOD après plusieurs mois de tournée dans des salles de cinéma. Elle s’en prend cette fois à la vision des femmes et de la sexualité défendue par les tenants de l’orthodoxie freudo-lacanienne.

« Nous refusons que soient instrumentalisées la psychiatrie et la psychologie pour légitimer des dogmes aussi néfastes que prêter des intentions sexuelles aux bébés, prétendre qu’un enfant puisse être consentant à un inceste ou un rapport sexuel avec un adulte, affirmer que tout rapport sexuel serait du registre de la perversion et du rapport de force, prétendre qu’un crime sexuel n’aurait pas de conséquence grave sur sa victime, et déresponsabiliser les auteurs de violences sexuelles. Ceci n’est pas compatible avec notre rôle de médecins, de psychiatres et de psychologues » dénonce notamment la tribune.

Pour Sophie Robert, qui n’a pas de formation scientifique, « ce qui distingue la psychanalyse par rapport à toutes les formes de thérapie, c’est une vision très spécifique de la sexualité. C’est une vision sexiste et viscérale, qui s’avère scandaleuse ».

Pourtant, la psychanalyse n’est pas une science conjecturale

Face à cette attaque, un autre groupe de praticiens a publié une tribune dans le même magazine pour défendre la psychanalyse qu’on tenterait de diaboliser. Une mise au point nécessaire pour ces praticiens, longtemps reconnus et respectés, et désormais accusés de tous les maux.

A propos de la première tribune, ces partisans de Freud affirment : « Les accusations qu’elle contient diffament les dizaines de milliers de cliniciens qui s’inspirent de la psychanalyse. En un siècle, cette dernière a conquis les esprits éclairés à travers la planète. Elle est, par exemple, reconnue comme une science d’Etat en Chine. En France, le vocabulaire freudien fait partie du langage ordinaire, comme le montre l’utilisation courante des mots comme ‘ lapsus’, ‘actes manqués’, ‘refoulement’ ».

Pour ces médecins, la « psychanalyse n’est pas une science conjecturale. Sa méthode est d’abord expérimentale : elle est strictement cadrée sur ce que dit un patient singulier. Cette méthode, du divan et du fauteuil, libère la parole ». Mieux, la psychanalyse est une science à part entière, qui a fait ses preuves, notamment avec l’autisme dont elle était la seule à s’occuper. Il faut donc rendre à César ce qui appartient à César…

« La scientificité ne fait pas du psychanalyste un technicien. Laisser parler la singularité de chaque patient demande une formation longue et difficile. Son savoir-faire est une sorte d’art, au sens où l’on peut parler de l’art du chirurgien ou du poète » clament les signataires.

Par SafeMed

Collectif de patients et professionnels de santé pour une médecine intégrative.