Efficacité de l’homéopathie : que disent les rapports australien et suisse ?

En France, le gouvernement a décidé du déremboursement de l’homéopathie à partir de 2021, au nom d’une supposée absence d’efficacité des médicaments homéopathiques. Pourtant, des rapports officiels australien et suisse parus ces dernières semaines sur cette thérapie alternative offrent d’autres perspectives.

Si en France le gouvernement a pris position contre l’homéopathie, ailleurs dans le monde, cette médecine alternative gagne en poids et en crédibilité.

Les conclusions très positives de l’étude suisse

Commençons par le voisin Suisse. Les autorités médicales ont récemment commandé un rapport d’évaluation des technologies de la santé afin de faciliter la prise de décision concernant l’inclusion de l’homéopathie dans la liste des services couverts par l’assurance maladie.

Le rapport, qui s’appuie sur des méta-analyses et des essais cliniques sur une période de sept ans, conclut qu’« il existe des preuves suffisantes de l’efficacité préclinique et clinique de l’homéopathie, ainsi que de sa sécurité et de son économie par rapport au traitement conventionnel. ».

Les auteurs discréditent par ailleurs l’étude de Lancet 2005 de Shang et al, le seul examen systématique complet à avoir jamais conclu que l’homéopathie ne fonctionne pas mieux que le placebo. Ils écrivent sans réserve : « nous pouvons dire avec certitude que l’étude de Shang et al 2005 ne prouve pas que l’homéopathie n’a aucun effet ».

Les conclusions très positives du rapport suisse sur les technologies de la santé ont suscité la controverse dans les milieux universitaires, avec notamment la publication d’une accusation de mauvaise conduite dans la recherche.

Que dit le rapport australien ?

En Australie, un document d’information du Conseil national pour la santé et la recherche médicale (NHMRC) a longtemps fait figure de preuve irréfutable par les anti-homéopathie, soutenant qu’« il n’y a pas de problèmes de santé pour lesquels il existe des preuves fiables de l’efficacité de l’homéopathie».

Un rapport qui a fait la Une des magazines spécialisés du monde entier, avant qu’on ne réalise que ses conclusions étaient tronquées et que la professeure Anne Kelso, présidente du NHMRC, fasse marche arrière. « Contrairement à certaines affirmations, l’examen n’a pas conclu que l’homéopathie était inefficace. », a-t-elle dit. Comment justifier ce rétropédalage ?

Le NHMRC a caché un précédent rapport favorable à l’homéopathie

En fait de rétropédalage, il y en n’a pas eu. Il y a plutôt eu des fautes procédurales et scientifiques graves de la part du NHMRC. Le Conseil n’a jamais divulgué au public un précédent rapport, rédigé en 2012,  dans lequel il est écrit au contraire qu’il existait « des preuves encourageantes de l’efficacité de l’homéopathie » dans cinq états pathologiques, dont les pathologies respiratoires allergiques.

Le NHMRC affirme avoir rejeté le premier rapport en raison de sa qualité médiocre, alors qu’il avait été confié à un scientifique de renom. Le professeur Peter Brooks, président du comité NHMRC lors de l’examen de 2015, a été accusé de connivence avec des lobbys anti-homéopathie.

Il s’est défendu dans un formulaire de conflit d’intérêts indiquant qu’il n’était « affilié ou associé à aucune organisation dont les intérêts sont alignés sur ou opposés à l’homéopathie », bien qu’il soit membre de groupe de pression sur l’homéopathie « Friends of Science in Medicine ».

Une plainte contre le NHMRC

En août 2016, une plainte a été déposée auprès de l’Ombudsman du Commonwealth par Complementary Medicines Australia, l’Australian Homoeopathic Association et l’Australian Traditional Medicine Society pour partialité, conflit d’intérêts et inconduite scientifique des membres du NHMRC.

Par SafeMed

Collectif de patients et professionnels de santé pour une médecine intégrative.