Lettre d’un médecin à l’attention de l’Ordre des Médecins

Dr  François  CHEFDEVILLE, Médecin Généraliste et Homéopathe retraité

 

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs, membres du Conseil National de l’Ordre des Médecins,

Chers confrères,

 

Je souhaite vous faire part de mon parcours professionnel avant que vous n’émettiez un avis sur l’homéopathie.

J’ai créé un cabinet de médecine générale en 1975 où j’ai commencé par traiter par allopathie et faire de la petite chirurgie. Parallèlement, j’ai assuré pendant cinq ans de fréquentes gardes de nuit dans le secteur couvrant Lyon et sa banlieue. Mais peu à peu je me suis interrogé sur le fait de devoir quotidiennement prescrire, par exemple,  des antibiotiques à répétition pour des pharyngites ou des otites, qui récidivaient malgré tout, des anxiolytiques  associés à une écoute pour aider certains patients à vivre …

Y avait-t-il d’autres manières d’exercer la médecine ? De rendre service (notion déjà importante à mes yeux à cette époque) ? Je me suis inscrit en 1978 un peu par hasard et par curiosité  au CEDH (Centre d’Enseignement et de Développement de l’Homéopathie) où l’on enseignait l’homéopathie clinique, avec ses possibilités et ses limites, rien que des choses raisonnables.

Mais pour bien connaître une discipline, il est certainement utile d’étudier son Histoire, en plus de son corpus propre ? C’est pourquoi, après ma formation, j’ai travaillé avec un ami sur un sujet qui a donné lieu en 1984 à la publication dans l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale d’un article de 27 pages : « Etude historique et critique des sources de la Matière Médicale Homéopathique ». Cet article fut le premier d’une série de plus de 150, publiés au cours des trois décennies suivantes dans l’EMC, dans l’Encyclopédie des Médecines Naturelles dirigée à l’époque par le Pr Cornillot, doyen de la faculté de Bobigny, et dans diverses revues nationales d’Homéopathie.

J’ai ainsi prescrit régulièrement de l’homéopathie dès 1980, associée ou non, selon les cas à l’allopathie, puis à l’Acupuncture à partir de 1985. Quelques exemples de pathologies traitées avec succès : des eczémas très étendus, invalidants et traînants malgré des corticothérapies locales prolongées, des mycoses vaginales récidivantes malgré un traitement allopathique des crises, des recto-colites hémorragiques où l’Homéopathie a permis de diminuer ou parfois même de stopper le lourd traitement habituel, des troubles anxio-dépressifs, l’homéopathie permettant bien souvent le sevrage de traitements allopathiques parfois anciens …  Des milliers de cas traités avec succès par Homéopathie ont été publiés, et il est difficile de croire que les praticiens et leurs malades satisfaits aient été victimes de psychose collective.

Une autre manière de progresser encore dans une discipline, c’est de l’enseigner. Ce que j’ai fait à partir de 1986, en intégrant l’équipe lyonnaise du CEDH. Au fil des années, j’ai enseigné la théorie et dirigé des travaux pratiques (études de cas cliniques) en France et dans plus d’une dizaine de pays d’Europe et d’Afrique. J’ai participé et suis intervenu lors de Congrès nationaux ou internationaux.

A la même époque, j’ai animé la Commission « Fiabilité de la Matière Médicale Homéopathique » de l’Institut Boiron, pour aider à préciser les indications fiables de l’homéopathie clinique. Cela a débouché sur la publication de plusieurs livres écrits de façon collégiale ou à titre personnel.

Pour résumer, l’éventail des différentes méthodes thérapeutiques possibles me permettait de choisir celle qui me paraissait la plus appropriée selon chaque cas pathologique, ou de les associer (l’allopathie et l’homéopathie peuvent être tout à fait complémentaires, par exemple dans le cas des soins de support en oncologie). Je ne dis pas que je n’ai jamais eu d’échecs – qui n’en a pas ? – mais l’Homéopathie présente l’avantage d’aborder le ou la malade dans sa globalité, somatique et psychique, ainsi que son évolution dans le temps.

De plus, l’homéopathie est source d’économies pour la Sécurité Sociale, du fait d’une moindre consommation de médicaments sur le long terme.

Critiquer une méthode thérapeutique sans l’avoir étudiée, est chose facile mais peu scientifique. La tester, la pratiquer, en mesurer les effets bénéfiques ou non, est respectable. Cela pour dire que se faire traiter de « charlatans » par des « confrères » peu ou non informés paraît dérisoire, et lamentable. Je demande donc au CNOM de garder à l’Homéopathie  le statut de méthode thérapeutique, et que les médecins puissent continuer à s’y former pour le plus grand bien des patients.

Témoigner de ce que l’on a fait, dit, écrit, transmis, et ne pas être  le seul à pouvoir le faire (nous sommes des milliers rien qu’en France, et des dizaines de milliers dans le Monde), tout cela devrait attirer l’attention et la curiosité objective des observateurs, et au minimum le respect confraternel.

Je  vous remercie d’avoir, je l’espère, lu ce témoignage.

Avec mes sentiments respectueux et confraternels,

 

Dr François CHEFDEVILLE

Par SafeMed

Collectif de patients et professionnels de santé pour une médecine intégrative.