L’Evidence-based medecine (ou EBM) : un dogme indépassable ?

La médecine basée sur les preuves (EBM ou Evidence-based medecine) est un dogme unique et indépassable qui viserait à discréditer l’homéopathie selon certains opposants à la discipline. Pourtant, si la preuve de l’efficacité d’un traitement est incontestablement une donnée médicale fondamentale, de nombreux éléments poussent à se méfier d’une pratique de la médecine uniquement basée sur l’EBM.

Dans le principe, l’EBM est une manière pragmatique et efficace d’exercer la médecine, dans la mesure où l’on reste dans les clous de la définition communément acceptée depuis les années 1970, qui fait de la médecine basée sur les preuves « l’utilisation consciencieuse, explicite et judicieuse de la meilleure preuve du moment pour la prise de décision liée à la prise en charge des patients ».

Les choses se compliquent quand on commence à observer la manière dont le dispositif EBM est structuré à l’heure actuelle avec la position prééminente prise par les essais « randomisés » et les méta-analyses pour déterminer la preuve de l’efficacité d’un traitement. Ces outils sont désormais hégémoniques alors que l’on connait bien les biais méthodologiques qu’ils présupposent et le fait que leur apport à la science est surévalué. Les approches quantitatives ne répondent pas à toutes les questions.

On pourrait par exemple s’intéresser à cette réalité bien connue des praticiens qu’est la différenciation entre la significativité statistique et l’importance clinique. Les résultats obtenus par des méta-analyses peuvent sembler riches d’informations et très porteurs pour les patients, mais s’avérer inutiles d’un point de vue clinique. L’être humain n’est pas une statistique.

Il est un danger de la lecture des résultats de ces essais randomisés qui est encore plus problématique pour les médecins. Quid de l’interprétation des résultats dits non-significatifs, définis par convention par le « p>0,05 » (toute différence inférieure à 0,05 est considérée comme nulle et non avenue) ? Ces différences quantifiées, mais minimes, sont considérées systématiquement comme négatives… et deviennent ainsi, par pur formalisme, inexistantes.

Ce petit détail n’en est pas un. Loin de là. De petites différences lors de tests peuvent en générer de grandes sur la population générale. D’autant plus que la dimension des échantillons utilisés lors des essais est bien souvent inadaptée et trop réduite pour obtenir des résultats affinés. On sait par exemple (travaux de Freiman et al en 1979) que deux traitements testés avec une différence de 0,1, génèrent, dans 90% des cas, une différence qui se situe en réalité à hauteur de 50%. Ce qui prouve largement les limites des essais randomisés comme dogme unique de la médecine.

Par SafeMed

Collectif de patients et professionnels de santé pour une médecine intégrative.