L’évaluation du “service rendu”, clé du débat sur l’homéopathie

L’émission Enquête de santé (France 5) a proposé le 15 janvier un numéro consacré à l’homéopathie : « Homéopathie, bientôt la fin ? ». Le titre donne déjà la tonalité d’un débat à charge. Pourtant, l’émission dominée par les anti-homéopathie, a permis de préciser utilement le débat en le centrant sur la question de l’évaluation du service rendu.

Les théories mécanistes ont le vent en poupe ces derniers mois pour contester l’efficacité de l’homéopathie, malgré la confiance toujours réaffirmée des Français et d’une grande partie des médecins généralistes. Dernier exemple en date, l’émission Enquête de santé et son reportage à charge contre l’homéopathie. Un dénigrement qui se focalise sur la question du déremboursement de l’homéopathie.

Homéopathie et le principe de « service rendu »

Le déremboursement, cheval de bataille favori des anti-homéopathie, pour qui remboursement signifie légitimation d’une pratique qu’ils ne considèrent pas comme scientifique et médicale. Et qui dit remboursement dit évaluation du « service rendu ». Un sujet sur lequel l’homéopathie a de nombreux arguments à faire valoir face aux tenants d’une médecine mécaniste.

Prenons une acceptation large de la notion de « service rendu » qui inclurait la dimension économique (tout de même centrale quand on parle de déremboursement). Même si cela n’a pas été évoqué par le reportage de France 5, le faible coût de l’homéopathie est un fait avéré. Tout comme est attesté le fait que les patients faisant usage d’homéopathie consomment moins de médicaments conventionnels et vont moins régulièrement chez le médecin.

Les résultats de l’étude EPI 3 passés sous silence

On peut également regretter que l’étude EPI 3, qui a mobilisé 825 médecins et 8559 patients de 2005 à 2012, et qui donne des éléments précis et quantifiables sur l’efficacité de l’homéopathie, n’ait pas été mentionnée par les équipes d’Enquête de santé. Il s’agit pourtant de la plus grande étude scientifique jamais menée sur l’homéopathie… avec des résultats plus que probants.

L’étude, qui se concentrait sur trois types de pathologies (infections des voies aériennes supérieures, douleurs musculo-squelettiques et troubles anxio-dépressifs et du sommeil), représentant 50% des consultations chez des médecins généralistes en France, a démontré que les patients soignés par homéopathie présentent la même évolution clinique et un taux de complications similaires à celui des patients soignés de manière conventionnelle pour une consommation de médicaments deux fois moindre (voire trois fois pour les psychotropes).

Homéopathie : la Sécurité sociale fait des économies

Enfin, pour en revenir aux problématiques économiques, puisque c’est bel et bien le nerf de la guerre, EPI 3 démontre qu’un patient suivi par un médecin homéopathe coûte en moyenne 35% de moins à la Sécurité Sociale qu’un patient suivi par un médecin conventionnel, en prenant en compte le coût de la consultation et celui de la prescription.

De plus, tout se passe finalement comme si, en même temps qu’on aligne ici la notion de service rendu sur l’efficacité de la méthode, donc sa validité, on ne va pas plus loin. Sont passés sous silence les conditions spécifiques indispensables pour vérifier de manière adéquate les résultats de l’homéopathie face au placebo. Cela n’a aucunement été dit.

Aucune évocation du fait que, alors que cela n’est pas adapté, on applique à l’homéopathie exactement les mêmes règles qu’à l’allopathie (AMM y compris), amenant pour des raisons économiques la réduction des souches mises à disposition. Leurs protocoles doivent pourtant être différents et les moyens financiers ne sont pas donnés pour le faire. Le coût n’est ici même pas évoqué et la place n’en a pas été même donnée pour en parler.

N’est pas plus effleurée la complexité du problème qui rend l’interprétation des résultats difficile dès lors qu’on veut rigoureusement les évaluer dans tous leurs paramètres.

Par SafeMed

Collectif de patients et professionnels de santé pour une médecine intégrative.