Conseil de l’Ordre des Médecins : les no fakemed à la peine

Le Syndicat National des Médecins Homéopathes Français a déposé une plainte concernant 59 médecins signataires du pamphlet paru sur le Figaro en date du 19 mars 2018 au Conseil de l’Ordre des Médecins (COM) pour violation de l’article R4127-56 du code de la santé publique en qualifiant ses confrères de « charlatans ». Le COM traduit ces médecins en chambre disciplinaire de première instance pour statuer de leur sort.

Les faits :

En date du 19 mars 2018, un groupe de médecins signe un article dans le Figaro intitulé « L’appel de 124 professionnels de la santé contre les médecines alternatives ».

Dans cette parution, les signataires affirment que « la tentation peut être grande de pratiquer des soins sans aucun fondement scientifique… elle a été et est toujours nourrie par des charlatans en tout genre qui recherchent la caution morale du titre de médecin pour faire la promotion de fausses thérapies à l’efficacité illusoire. ». Par ce texte, ils accusent de charlatanisme ou de complicité 20000 médecins prescrivant de l’homéopathie, une bonne cinquantaine de doyens de médecine et pharmacie passés et actuels ayant autorisé l’enseignement en faculté. Ils mettent allègrement en cause également une trentaine de chefs de services hospitaliers qui cautionnent une consultation d’homéopathie dont bon nombre de centres anticancéreux qui ont intégré cette thérapeutique dans leurs soins de support avec des évaluations en cours.

L’argumentation de défense produite par les médecins mis en cause est simple : toutes les publications scientifiques sont en défaveur de l’homéopathie et il est donc normal de qualifier les prescripteurs (médecins et sages femmes) de charlatans et qu’ils ne devraient plus faire état de leur titre de médecin ou de sage femme.

C’est faire fi, mais la mauvaise foi l’autorise, de toutes les publications scientifiques montrant l’efficacité, l’intérêt en santé publique et l’innocuité de l’homéopathie (voir en fin d’article). C’est penser que plus de 50% de la population, qui utilise l’homéopathie est le fait d’idiots victimes d’abus de pouvoir médical et incapables de jugement sur les traitements pris sur plusieurs générations.

L’homéopathie, contrairement à ce que la campagne de dénigrement et de désinformation organisée affirme, produit des preuves de sa pertinence scientifique.

Les preuves :

L’apport de la pharmaco-épidémiologie

« Parmi les différents niveaux de recherche à distinguer, la recherche épidémiologique et plus particulièrement pharmaco-épidémiologique est peut-être la première à apporter un début de réponse à l’utilisation de l’homéopathie par les médecins. A cet égard, l’étude EPI 3 a marqué un tournant historique par l’ampleur de l’échantillonnage et le reflet de l’exercice de la médecine générale en France. L’étude, réalisée en toute indépendance, et conduite par un comité scientifique comprenant des personnalités loin du monde de l’homéopathie, présidé par le Pr Bernard Bégaud, a mobilisé 825 médecins généralistes représentatifs de la pratique française en homéopathie ou en allopathie et 8 559 patients de 2005 à 2012, et portait sur trois indications : les infections des voies aériennes supérieures (Ivas), les douleurs musculo-squelettiques (DMS) et les troubles anxiodépressifs et du sommeil (SAD), pathologies qui représentent 50 % des consultations chez les médecins généralistes en France.
Sur ces trois grandes catégories d’affections impactant le plus la qualité de vie des patients, l’analyse des données montre que l’homéopathie soigne aussi bien, avec moins de iatrogénie et moins de pathologies induites, sans perte de chance pour les patients. Par ailleurs, les médecins ont été classés en trois groupes, les médecins allopathes non prescripteurs réguliers d’homéopathie, les médecins homéopathes et les médecins à pratique mixte prescrivant de l’homéopathie plusieurs fois par semaine. Les données recueillies montrent que le groupe de médecins à pratique mixte représente à lui tout seul plus de 40% de la prescription des médicaments homéopathiques en France. L’étude a fait l’objet de onze publications dans des revues scientifiques internationales, entre 2011 et 2016.

Les essais cliniques

Concernant la recherche clinique, jusqu’à la fin de l’année 2014, 189 essais contrôlés randomisés en homéopathie traitant 100 maladies différentes ont été publiés dans des revues à comité de lecture (http://www.facultyofhomeopathy.org/research). Parmi ces essais, 104 incluaient un contrôle placebo: 41% avaient un résultat positif (43 essais) –montrant que l’homéopathie était efficace, 5% avaient un résultat négatif (5 essais) montrant que l’homéopathie n’était pas efficace et 54% n’étaient pas concluants (56 essais). Ces résultats sont similaires à ceux retrouvés dans les études en médecine conventionnelle (El Dib RP, Atallah AN, Andriolo RB. Mapping the Cochrane evidence for decision making in health care. J Eval Clin Pract., 2007;13(4):689-92 | PubMed ).

Les grandes méta-analyses

La Commission Européenne en 1996 a publié un réel audit de toute la littérature clinique homéopathique disponible et a déposé un rapport final (2). Les auteurs concluent que « sur 377 références, seulement 21 ont pu servir à un réel audit interuniversitaire. Si, à partir des études analysables, on peut conclure qu’il existe une activité des remèdes homéopathiques supérieure au placebo, on ne peut en tirer de conclusions définitives sur la valeur de l’homéopathie puisque le nombre de patients inclus dans ces études n’est que de 2 282. Cependant, ces conclusions confirment entièrement les résultats d’audits antérieurs […]. L’homéopathie est donc bien digne de recherche ».
En septembre 1997, The Lancet (3) a publié une méta-analyse tentant de répondre à la question suivante : « Les effets cliniques de l’homéopathie sont-ils des effets placebo ? » L’analyse portait sur des études comparatives versus placebo. Les auteurs ont recherché des biais de publication par des tests de sensibilité sévères. Or, les résultats étaient toujours significatifs et solides. L’analyse statistique sophistiquée avait permis de conclure : « Il n’est pas possible d’attribuer les effets cliniques de l’homéopathie uniquement à un effet placebo même si cette conclusion ne permet pas d’affirmer définitivement l’efficacité spécifique de l’homéopathie. »
En Suisse, un groupe d’experts a été mandaté pour se pencher sur l’homéopathie suite à la demande pressante de la population et du corps médical pour évaluer les médecines non-conventionnelles et complémentaires. Ce rapport du Gouvernement Suisse remis en 2006 a été publié sous forme de livre en 2011. Sur 22 revues systématiques, 20 d’entre elles démontrent des résultats suggérant un effet positif (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16883077). Sur ces 20 études, 5 d’entre elles démontrent, par ailleurs, des effets très nettement supérieurs à l’effet placebo. Dans le domaine des allergies et infections des voies respiratoires supérieures, les données probantes se démarquent particulièrement. Le 29 mars 2016, le ministère de la santé suisse a décidé d’accorder à quatre thérapies complémentaires, dont l’homéopathie, le même statut que la médecine conventionnelle.
L’Agence de santé australienne (le NHMRC, National Health and Medical Research Council) a procédé en 2015 à une étude de l’efficacité de l’homéopathie à partir de l’analyse de 176 études scientifiques. Selon ses résultats, les effets cliniques de l’homéopathie sont ceux d’un placebo (https://www.nhmrc.gov.au/guidelines-publications/cam02). Cependant ce rapport a fait depuis l’objet de plusieurs mises en cause de ses conclusions. D’une part, seules les études contre l’homéopathie ont été retenues depuis 1997. Et trois études significatives ont été écartées de manière non justifiée. De plus, toute étude réalisée sur moins de 150 personnes a été jugée comme non-valide, même pour celles statistiquement très significatives. Or, les études qui concerne l’homéopathie ont souvent de faibles effectifs.
http://lesgeneralistes-csmf.fr/2018/04/18/homeopathie-ce-qui-est-prouve-ou-pas

La prescription de l’homéopathie par plus de 20000 médecins en France pour plus de la moitié de la population peut en déranger certains (une petite centaine), mais elle est basée sur des preuves d’efficacités fortement renforcée par la plus puissante et récente étude EPI3 réalisée en France (8559 patients, 825 médecins). Les médecins et sages femmes prescrivent des médicaments homéopathique dans tout l’art médical de leur profession en respectant les bonnes pratiques : orientation vers un confrère spécialiste ou prescription allopathique si nécessaire.
En aucun cas nous ne permettrons à ceux qui ne connaissent pas notre pratique professionnelle de nous juger et encore moins de nous diffamer.

Les études cliniques :

  • Individualized homeopathic treatment and fluoxetine for moderate to severe depression in peri- and postmenopausal women (HOMDEP-MENOP study): a randomized, double-dummy, double-blind, placebo-controlled trial.
    REF: Macías-Cortés Edel C, Llanes-González L, Aguilar-Faisal L, Asbun-Bojalil J.
    PLoS One. 2015 Mar 13;10(3):e0118440. doi: 10.1371/journal.pone.0118440. eCollection 2015.
  • Is homoeopathy a placebo response? Controlled trial of homoeopathic potency, with pollen in hayfever as model
    REF: Reilly D.T., Taylor M.A., McSharry C., Aitchison T.
    Lancet (1986) 2:8512 (881-886). Date of Publication: 1986
  • Treatment of pain du to unwanted lactation with a homeopathic preparation given in the immediate post-partum period.
    REF: Berrebi A., Parant O., Ferval F., Thene M., Ayoubi J.-M., Connan L., Belon P.
    Journal de Gynecologie Obstetrique et Biologie de la Reproduction (2001) 30:4 (353-357). Date of Publication: 2001

Les études fondamentales :

  • Biological activity of ultra low doses : effects of ultra low doses of histamine on human basophil degranulation triggered by D. pteronissinus.
    REF: Sainte-Laudy J., Sambucy J.L, Belon P. Inflamm. res. 53 (2004) 181–188
  • Thrombogenic properties of ultra-low-dose of acetylsalicylic acid in a vessel model of laser-induced thrombus formation.
    REF: Doutremepuich C, Aguejouf O, Pintigny D, Sertillanges MN, De Seze O. Thromb Res. 1994 Oct 15;76(2):225-9.
  • Comparative Analysis of Gelsemine and Gelsemium sempervirens Activity on Neurosteroid Allopregnanolone Formation in the Spinal Cord and Limbic System.
    REF: Venard C1, Boujedaini N, Mensah-Nyagan AG, Patte-Mensah C. Evidence-Based Complementary and Alternative Medicine volume 2011, Article ID 407617, 10 pages

 

Par SafeMed

Collectif de patients et professionnels de santé pour une médecine intégrative.