La médecine intégrative : une approche de la santé responsable

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Selon une étude IFOP du 9 août 2022, la santé reste la préoccupation majeure des français. En effet, si notre système permet des soins quasiment totalement gratuits, la population accepte de faire appel à des thérapeutiques non remboursées pour améliorer son état de santé. Et elle a bien raison…

 

Pourquoi les thérapeutiques complémentaires sont-elles de plus en plus mises en avant ?

Tout d’abord, il est indéniable que la médecine a fait d’énormes progrès dans le traitement des pathologies graves. Des techniques de plus en plus sophistiquées et novatrices… Il n’en reste pas moins qu’elle peine à répondre aux demandes dans des pathologies chroniques comme les migraines, les maux de dos, les troubles anxieux et du sommeil ou les maladies de peau. Les thérapeutiques complémentaires, comme l’homéopathie par exemple, en prenant en compte le sujet dans sa globalité y compris son environnement, répond à ces attentes. Que ce soit en traitement alternatif comme dans la dépression réactionnelle de moyenne intensité ou en traitement de support comme en cancérologie, son champ d’action dans la médecine de demain est à définir…

 

Des thérapeutiques complémentaires en évaluation

À première vue, le traitement conventionnel, soumis la plupart du temps à un seul paramètre, la tension artérielle par exemple, reste relativement simple à évaluer. Il n’en est pas de même pour les pathologies multifactorielles comme les dermatoses, les problèmes émotionnels ou les douleurs chroniques. Les études de qualité de vie, de résultats thérapeutiques ou d’écoute et de questionnement du patient pourraient apporter une réponse scientifique à ce besoin d’évaluation.

Selon le Pr Ostermann, professeur de médecine interne à Bordeaux, « un vrai scientifique est ouvert à toutes les hypothèses. Il ne ferme pas une option au prétexte qu’il n’en maîtrise pas l’explication ». (1) Ou dit de façon différente par le Pr Montagner, rencontré il y a quelques années « ce n’est pas parce que je ne comprends pas que cela n’existe pas ».

 

Aujourd’hui, les patients sont en mal d’écoute

À ce jour, le patient a la sensation de ne pas être écouté… Et il a raison. En effet, les études récentes montrent qu’un patient est interrompu en moyenne au bout de de 18 secondes par son médecin. S’il questionne son médecin sur son cas, le temps de réponse ne dépasse pas une minute trente-deux en moyenne. Or un malade qui n’est pas écouté est mal soigné. La Caisse Primaire d’Assurance Maladie l’a montré en publiant des chiffres qui prouvent que plus la consultation est courte, plus l’ordonnance est longue. Non seulement le médecin ne répond pas à la demande du patient, mais il l’expose à des risques d’interactions médicamenteuses et d’effets iatrogènes.

Les pharmaciens ne tarissent pas de cas d’ordonnances à risque qu’ils sont obligés de délivrer. De cette façon, le cas des personnes âgées est encore plus dramatique et nombre d’entre elles sont hospitalisées pour suite d’effet secondaires de traitements abusifs. La médecine fractionne l’humain en petits morceaux. Ceux-ci sont vus par des experts ne faisant pas toujours le lien entre ces bouts qui font partie de la même personne. Et que dire des émotions ou autres affects qui sont relégués à ce fameux : « c’est dans votre tête… ». N’oublions pas que nous soignons des êtres vivants, à défaut d’être un examen biologique ou radiologique.

 

Plaidoyer pour un patient responsable.

Le patient responsable prépare sa consultation. D’ailleurs, comme le temps d’écoute est très limité, autant poser les bonnes questions. Il apprend à se soigner tout seul pour les pathologies courantes, qui ne nécessitent pas toujours une consultation. Il prend conscience des limites de l’automédication, qui aujourd’hui est plus néfaste qu’efficace. Abus du paracétamol ou des antiinflammatoires au risque de masquer une pathologie grave, utilisation de médicaments non indiqués ou périmés. Le patient responsable pourra faire appel à des thérapeutiques efficaces et sans danger comme l’homéopathie.

 

Se prévenir des charlatans dans le domaine de la santé

Dans le domaine de la santé, il n’y a pas de place pour la perte de chance de guérir. Elle consiste à ne pas donner au malade la possibilité de faire le traitement qui lui convient le mieux pour sa maladie. Ne nous leurrons pas : il y a des charlatans partout. Aussi bien dans les thérapeutiques complémentaires que dans les médecines complémentaires.

Certains ont défrayé la chronique en déviant des patients de thérapeutiques vitales pour eux ou en retirant la prostate de tous ceux qui présentaient une anomalie même bénigne. Pourtant, selon le Dr Janssen (1), médecin urologue et psychothérapeute, « un bon moyen de les repérer est de repérer un manque de questionnement, des certitudes affirmées sans humilité et une tendance à exclure toute autre possibilité de guérir en dehors de la voie thérapeutique qu’ils proposent ». Le dialogue avec son médecin traitant reste la meilleure solution pour discuter d’une thérapeutique complémentaire ou alternative. Encore faut-il qu’il soit à l’écoute, en connaissance de ces thérapeutiques et ouvert au dialogue.

 

Une fois de plus, nous pouvons le constater : les médecines doivent se réconcilier. Quoi de mieux que cette prise en charge de la santé de demain que constitue la médecine intégrative ? Je vous conseille la lecture de l’excellent livre de Natacha Calestrémé « Se donner toutes les chances ». Il fait un point très exhaustif sur la coexistence des bienfaits de la médecine conventionnelle et des thérapeutiques complémentaires.

 

 

 

  1. Se donner toutes les chances. Natacha Calestrémé. Ed Albin Michel/ Plon. 288p. 21,90€
  2. Médecine douce et médecine classique. La grande réconciliation ? Le Figaro magazine du 3 mars 2023. Guyonne de Monjou. P 56-59.

Par Antoine Demonceaux

Médecin généraliste, homéopathe et psychanalyste

Bonjour, je m'appelle Antoine Demonceaux. Je suis médecin généraliste, homéopathe et psychanalyste depuis plus de 35 ans. Je suis également le Président de l'association Centre Ressource Reims.