En Inde, qu’est-ce que le ministère des médecines traditionnelles A.Y.U.S.H. ?

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Selon les estimations des spécialistes, cette année l’Inde devrait dépasser la Chine en termes de nombre d’habitants. Plus de 1,4 milliard d’âmes. Un nombre évidemment conséquent, qui donne une indication sur la vitesse à laquelle ce pays évolue. Selon les mêmes estimations, l’Inde devrait même compter deux fois plus d’habitants que la Chine à la fin du siècle. L’occasion de s’intéresser un peu plus à ce pays qui prend de plus en plus d’ampleur dans le monde, et qui fait aussi parler de lui pour d’autres raisons que la densité de sa population…

 

L’Inde et les médecines traditionnelles

De l’autre côté du globe, les thérapeutiques complémentaires sont prises très au sérieux. Pour preuve, depuis 2014, certaines d’entre elles sont représentées dans un ministère au sein même du gouvernement indien : le ministère A.Y.U.S.H. Celui-ci a été fondé par le Premier ministre nationaliste Narendra Modi. Il est tout simplement l’acronyme des différentes pratiques qu’il représente : l’Ayurveda, le Yoga et la naturopathie, l’Unani, le Siddha et l’Homéopathie. Des thérapeutiques naturelles toutes plus intéressantes les unes que les autres. Pour l’anecdote, au-delà de cet acronyme, le mot « Ayush » signifie également « longue vie » en sanskrit, l’une des plus vieilles langues du monde.

 

Quelles sont les cinq branches du ministère A.Y.U.S.H. ?

L’appellation « Ayush » existait déjà au sein du gouvernement. Elle représentait l’un des départements du ministère de la Santé. Elle est aujourd’hui indépendante, avec son propre ministère, avec plus d’une dizaine de millions de dollars de budget. Un ministère qui a donc pour but de promouvoir au mieux les bienfaits des savoirs traditionnels indiens dans le secteur de la santé et du bien-être.

En effet, même si l’ayurveda, l’unani et l’homéopathie sont des formes de médecine traditionnelle très répandues sur le territoire indien, le yoga et le siddha font plutôt référence à des pratiques qui tendent vers l’équilibre du corps physique et de l’esprit par le biais d’exercices et de méditations… Mais aussi de pensées religieuses. En effet, en Inde, ces pratiques ne s’arrêtent pas à des philosophies de vie mais concernent tout un système religieux. Elles sont ainsi associées à des divinités hindoues et vont spirituellement plus loin que de simples pratiques de relaxation.

 

Ayurveda

L’Inde dispose de près de 24 000 dispensaires ayurvédiques partout dans le pays. Cette médecine traditionnelle indienne qui prospère déjà depuis plusieurs millénaires. Encore très utilisée en Asie du sud, elle est même régulée par l’Indian Medical Central Council Act, une institution adoptée par le Parlement Indien en 1970, afin de normaliser les qualifications requises pour sa pratique. Le but est aussi de fonder des institutions accréditées pour l’étude et la recherche associée à cette médecine traditionnelle.

Selon elle, l’être humain est composé de cinq éléments : l’eau, le feu, l’air, l’espace et la terre. C’est ce qu’on appelle les 5 Mahabhutas. Tout le monde possède ensuite 3 Doshas à des degrés différents : l’énergie cinétique, l’énergie de la cohésion et l’énergie de la transformation. Cela détermine nos tendances, nos forces et nos faiblesses. Viennent ensuite les Dhatus et les Shrotas. À travers ces différents concepts, l’Ayurveda permet 3 principes de base : le maintien de la santé, la guérison de maladies et la réalisation de soi.

 

Yoga et naturopathie

Ces deux thérapeutiques sont de plus en plus populaires chez nous, et c’est bien normal ! En France, 3 millions de personnes pratiquaient le yoga en 2010. Dix ans plus tard, en 2020, c’est près de 8 millions de français qui réalisent ces postures régulièrement… D’autant plus que plus de la moitié d’entre eux le pratiquent chaque semaine ! Une augmentation remarquable qu’on peut aussi bien retrouver chez les hommes que chez les femmes, et qui s’explique par les nombreux bienfaits que la pratique apporte. La naturopathie, quant à elle, représente un ensemble de méthodes de soins visant à renforcer les défenses de l’organisme par des moyens naturels et biologiques. Une pratique qui a également le vent en poupe, notamment parce qu’elle repose sur des principes fondamentaux, comme le fait de traiter l’individu dans son ensemble ou encore de la prévention plutôt que de la guérison.

 

Unani

Peu connue en occident, cette médecine plusieurs fois millénaire a su évoluer avec les âges. Initialement développer chez les Sumériens de Mésopotamie et les anciens égyptiens, elle s’est transmise de génération en génération entre initiés. Hippocrate et Pythagore ont d’ailleurs structuré ce savoir au fil du temps. Ensuite, les savants arabes et persans ont continué à l’améliorer et le développer.

Pour faire simple, selon la médecine unani, chaque maladie n’est que la réponse de l’organisme à un mauvais équilibre entre la chaleur et l’humidité de certains des organes du corps humain. Le but étant de rendre toute son harmonie à ces différents éléments… Et ce, uniquement avec des remèdes présents dans les plantes médicinales !

 

Siddha

Également assez peu connue chez nous, le Siddha vient du sanskrit et signifie « accompli, réalisé, obtenu ou parfait ». C’est celui qui atteint le moksha, l’éveil, car il a atteint le but suprême. Si la médecine Siddha repose sur les mêmes concepts de base que l’Ayurveda, les différences sont assez limitées. Elles concernent quelques détails, notamment parce que celle-ci est inluencée par les racines de l’ancienne culture dravidienne.

 

Homéopathie

Bien connu chez nous, l’homéopathie est reconnue et plébiscitée au sein du pays le plus peuplé du monde. Reconnue par les autorités indiennes comme efficace, non toxique et très peu coûteuse, elle répond à la demande de santé d’une partie importante de la population. Elle est la troisième thérapeutique médicale après l’allopathie et l’Ayurveda. A ce jour plus de 217 000 médecins prescrivent de l’homéopathie, formés par plus de 200 facultés de médecine. Ils travaillent dans 230 hôpitaux homéopathiques et 6000 dispensaires. Les traitements sont prises en charge dans le système national de santé.

Cette pratique médicale, qui soigne la personne dans sa globalité, correspond bien à l’intégration de cette thérapeutique dans le giron des médecines traditionnelles.

 

Alors qu’elles sont parfois injustement décriées chez nous, les thérapeutiques complémentaires sont aujourd’hui mises en avant en Inde. Un pays qui souhaitent véritablement donner aux gens l’opportunité de prendre soin de leur santé de manière naturelle et responsable. Et vous, seriez-vous pour un ministère des médecines complémentaires au sein de notre gouvernement ?

Par SafeMed

Collectif de patients et professionnels de santé pour une médecine intégrative.