Déremboursement de l’homéopathie : une association lyonnaise porte plainte contre l’Etat

Alors que l’homéopathie ne devrait plus bénéficier d’un remboursement de la Sécurité sociale à partir du 1er janvier 2021, une association de patients a décidé de porter plainte contre l’État pour cette décision. Elle dénonce une violation de la liberté de choix des patients et une discrimination à l’endroit des plus modestes.

Une association de patients basée à Lyon vient de déposer une plainte contre l’Etat au tribunal administratif de Paris à la suite de la décision de dérembourser totalement l’homéopathie à partir du 1er janvier 2021. « Cette décision, qui viole la liberté de choix, va affecter durement la vie des patients de la thérapeutique homéopathique, en créant une discrimination à l’endroit des plus modestes et en mettant en danger ceux pour lesquels il n’existe pas d’autres traitements », dénonce l’APMH (Association pour la Promotion de la Médecine Homéopathique) dans un communiqué.

 

Une médecine écologique et pas chère 

L’APMH est d’autant plus opposée à la décision du gouvernement que cette thérapeutique présente de nombreux bénéfices. « L’homéopathie ne coûte pas cher », souligne sa présidente Isabelle Rossi. Aussi, « le maître mot du XXIe siècle, c’est l’écologie, c’est de ne pas polluer. Or, on sait que les médicaments sont fabriqués à base de chimie. Ils sont très polluants, que ce soit les hormones, les antibiotiques. En homéopathie, il n’y a aucune pollution, et on n’induit aucune autre maladie », ajoute-t-elle.

C’est dans un arrêté du 4 octobre 2019 que la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn a pris la décision du déremboursement total des médicaments homéopathiques à partir du 1er janvier 2021. Le gouvernement s’est ainsi aligné sur l’avis de la Haute Autorité de Santé (HAS), qui a conclu à une inefficacité de l’homéopathie ou au mieux à un effet placebo, à l’issue d’une étude dont les méthodes sont contestées.

 

Des lobbys pointés du doigt 

L’APMH accuse ainsi la HAS de vouloir appliquer les règles qu’elle applique aux autres médicaments, avec des études randomisées. Or, selon Isabelle Rossi, « en homéopathie, on ne choisit pas un remède en fonction d’un symptôme, mais en fonction de la globalité de la personne. Les études ne peuvent pas être faites de la même façon ». 

Elle voit en tout cas, derrière cette décision, le résultat d’une cabale orchestrée par les puissants laboratoires pharmaceutiques pour décrédibiliser la thérapeutique homéopathie. 

Une position partagée par l’avocat de l’association, Me William Bourdon, qui affirme : « Ça fait des années qu’il y a des lobbys en France dans la médecine traditionnelle et rétrograde, qui considèrent l’homéopathie comme de la poudre de perlimpinpin. C’est tout juste si les médecins homéopathiques ne sont pas traités de charlatans. Il y a toujours une opposition très culturelle, très clivante. Ce lobby n’a jamais désarmé et a trouvé une oreille complaisante avec ce gouvernement qui s’est exprimé à travers une procédure aussi brutale que précipitée et non-contradictoire. Une fois de plus, ce sont les lobbys qui ont eu le dernier mot ».

 

Une augmentation prochaine des prix à cause de la hausse de la TVA 

Face à cette situation, Isabelle Rossi appelle « les Français à se réveiller sinon ils n’auront que leurs yeux pour pleurer, à partir de janvier 2021 ». Elle estime qu’« aujourd’hui, l’heure est très grave, puisqu’il y aura de nombreux patients qui n’auront plus accès aux soins homéopathiques ». 

En effet, « avec un déremboursement, la TVA sera augmentée. De 2,1%, ils peuvent passer à 10 ou 20% de TVA. Et les laboratoires ne seront pas soumis à un tarif imposé par l’Etat, puisque la Sécurité Sociale impose un prix aux médicaments qui sont remboursés. Les remèdes homéopathiques risquent d’augmenter considérablement », prévient-elle.

 

Reconnaître la faute de l’Etat français 

La présidente de l’APMH appelle la France à prendre exemple sur la Suisse, où l’homéopathie est à nouveau remboursée après des études très poussées. Dans ce pays, le système de santé a décidé de s’en remettre au jugement du médecin s’il a les titres et les formations reconnues. 

Par son recours en justice, assure Isabelle Rossi, l’APHM ne demande pas d’argent à l’État, « si ce n’est un euro symbolique ». Elle voudrait simplement que le tribunal administratif de Paris reconnaisse la faute de l’État afin de « sauvegarder le libre choix thérapeutique pour les patients, et la liberté de prescription pour les soignants ».

 

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Par SafeMed

Collectif de patients et professionnels de santé pour une médecine intégrative.