En visite chez Sanofi, Macron n’a pas répondu à l’invitation du voisin Boiron

Emmanuel Macron a visité mardi le site de Sanofi Pasteur (Lyon), l’un des plus gros producteurs mondiaux de vaccins, qui travaille actuellement sur deux candidats-vaccins contre le Covid-19. Alors que Boiron lui avait proposé de profiter de sa visite chez le voisin pour venir rencontrer ses équipes, le chef de l’Etat a préféré ignorer l’invitation.

Le mardi 16 juin 2020, Emmanuel Macron s’est rendu au laboratoire Sanofi de Marcy-L’étoile (Rhône), commune située à l’ouest de la métropole de Lyon. En compagnie des dirigeants du groupe, le directeur général Paul Hudson, le président Serge Weinberg et Olivier Bogillot, président de Sanofi France, il a visité plusieurs unités du site, dont une salle de mirage (contrôle) des flacons.

A l’occasion de cette visite, Emmanuel Macron a promis d’investir 610 millions d’euros dans la recherche et la production de vaccins en France. Une annonce qui intervient un mois après le différend qui avait opposé l’entreprise à l’État français après que celle-ci a déclaré que la priorité d’un éventuel vaccin irait en priorité vers les États-Unis, avant de rétropédaler.

Macron ignore l’invitation de Boiron

Emmanuel Macron a par ailleurs expliqué qu’une « initiative de relocalisation de certaines productions » allait être lancée dès jeudi car « tout le monde a vu pendant cette crise que des médicaments qui paraissaient usuels n’étaient plus produits en France et en Europe ». Après son allocution, le chef de l’Etat a eu le temps de rencontrer les élus locaux, dont son ancien ministre et maire de Lyon – sur le départ – Gérard Collomb, le président de la métropole David Kimelfeld et le maire de Marcy-l’Étoile Loïc Commun. Mais il n’a pas jugé nécessaire de rendre une petite visite au site voisin de Boiron qui lui avait pourtant envoyé une invitation.

En effet, la directrice générale des laboratoires Boiron, Valérie Lorentz-Poinsot, qui continue de batailler contre le déremboursement de l’homéopathie, a suggéré à Emmanuel Macron de profiter de sa visite à Sanofi-Pasteur (Marcy-L’étoile) pour rencontrer son équipe de Messimy.

« J’ai écrit à l’Élysée pour inviter Monsieur Macron à nous rencontrer sur le site de Boiron, à Messimy. Sans réponse pour le moment. Nous sommes seulement à quelques kilomètres de Sanofi, nos salariés ne comprendraient pas qu’il ne nous rende pas visite. C’est lui qui a pris la décision du déremboursement le 7 juillet : je lui conseille de venir sur le terrain », a-t-elle indiqué dans une interview au quotidien Le Progrès, le 12 juin.

« J’entends beaucoup qu’il faut relocaliser la santé. Mais nous, nous sommes déjà localisés »

En attendant Emmanuel… Godot, Boiron, principal producteur de médicaments homéopathiques en France, tente de se réorganiser et de sauver ses emplois, dont 1000 sur les 2516 seraient menacés par le déremboursement. Une première réunion a déjà eu lieu jeudi dernier avec les organisations syndicales.

Boiron essaie aussi de s’adapter au nouveau contexte, selon Valérie Lorentz-Poinsot : « En un week-end, nous avons mis en place le télétravail pour 600 personnes. Environ 200 ont été en activité partielle. 1 500 personnes ont continué la production et distribution. Nous avons décidé de faire de la solution hydroalcoolique, dès le jeudi, la Direction générale de la santé nous demandait d’en produire pour l’Établissement français du sang. Les pharmacies de l’Ouest, les CHU, la Croix-Rouge, Voies navigables de France, la Société générale, la BNP, ont été approvisionnés. Nous avons l’autorisation de la DGS jusqu’ à fin septembre. Même si l’homéopathie est attaquée, l’entreprise reste positive », a révélé le laboratoire.

Par ailleurs, Boiron a déjà une bonne assise sur certains points, chers en ce moment à Emmanuel Macron. Il s’agit notamment de la relocalisation de la production française. « J’entends beaucoup qu’il faut relocaliser la santé. Mais nous, nous sommes déjà localisés. Nous sommes implantés sur tout le territoire français, nous fabriquons français, 80% de nos plantes sont issues de l’habitat naturel français, nous faisons travailler 2 734 fournisseurs français, nous ne coûtons quasiment rien à la sécurité sociale », a rappelé la directrice générale des laboratoires Boiron.

Un moratoire sur le déremboursement

Valérie Lorentz-Poinsot indique en outre qu’après le Covid-19, « l’homéopathie a sa place pour gérer ces problèmes » dont le « syndrome de la cabane, du stress post-Covid » ou les « problèmes de sommeil, du mal de dos ou articulaire ». Parce que de nombreux Français plébiscitent cette thérapie (70%) et qu’elle leur fait du bien, Boiron espère que le gouvernement reviendra à la raison quant au déremboursement. « Nous avons maintenant un nouveau ministre de la Santé, nous sommes dans la médecine d’après. Nous demandons toujours le maintien du taux à 15% et un moratoire, il faut nous laisser du temps. Il y a une demande écologique, le gouvernement doit entendre que les Français ont envie d’une médecine verte », estime sa directrice générale.

Lire l’article dédié au moratoire sur le déremboursement proposé par deux sénateurs

Par SafeMed

Collectif de patients et professionnels de santé pour une médecine intégrative.