Homéopathie : le grand débat de santé publique

Dans l’édition du 20 février 2020 de son émission « Le Grand Débat de la Santé », Radio Médecine douce (radiomedecinedouce.com) fait le point sur l’avenir de l’homéopathie après la tempête de 2019. Elle s’interroge sur les principes de cette pratique et sur l’intérêt que les Français lui portent. Pour ce débat, quatre experts ont été réunis dont le docteur Antoine Demonceaux, médecin homéopathe et psychanalyste, coordinateur du DIU de thérapeutique homéopathique au CHU de Reims.

Dans ses propos, le docteur Antoine Demonceaux a souligné que la controverse actuelle autour de l’efficacité de l’homéopathie repose sur deux approches de cette thérapie. La première considère que le médicament homéopathique reste, pour l’instant, une sorte d’énigme scientifique, toutefois en voie d’être résolue. La seconde s’appuie sur la thérapeutique homéopathique c’est-à-dire la prise en charge des patients dans leur globalité.

« Ce n’est pas parce qu’on ne comprend pas comment ça marche qu’on réfute le fait que ça marche »

Ces deux visions s’alimentent aux sources de deux courants de pensée qui s’affrontent, mais qui vont finir par se rejoindre. D’une part le courant mécaniste, dont le principe est le matériel. Une molécule par exemple doit agir sur une cellule ou un organe pour qu’il y ait une réaction. D’autre part un courant scientifique plus prégnant. A ce niveau, on va au-delà de la molécule. Il existe également une vibration qui reste quand la molécule disparait. De l’avis d’Antoine Demonceaux, c’est cette conception que la HAS devrait adopter puisque « le médicament homéopathique est difficile à évaluer du fait de sa dilution et de sa spécificité individuelle ».

Comme on n’a pas prouvé l’efficacité de l’homéopathie, on conclut que les granules ne fonctionnent pas plus qu’un placebo. « Je ne sais pas comment ça marche (non plus), reconnait Antoine Demonceaux. Mais ce n’est pas parce qu’on ne comprend pas comment ça marche qu’on réfute le fait que ça marche ». Il faut savoir que l’homéopathique repose sur un principe encore incompris : l’extrême dilution, qui fait tomber la thérapie dans l’infinitésimal.

L’homéopathie appréhende le patient dans sa globalité

« Ça fait 40 ans que je suis installé et j’ai pu vérifier un certain nombre de choses dans ma pratique. Il y a encore des tas d’enfants qui avalent des antibiotiques tous les mois, sans s’en sortir, et quand je donne à ces enfants un traitement en trois semaines et qu’à la suite de ça ils vont mieux et prennent moins en moins d’antibiotiques, ça m’intéresse », souligne le médecin rémois, pour qui tout est dans la pratique. Il ajoute : « Et si l’homéopathie ça ne marchait pas du tout, cela ferait bien longtemps que je ferais d’autres choses ».

L’homéopathie continue d’ailleurs de faire des adeptes parmi la population soucieuse de son bien-être général. C’est que cette médecine douce ne jette pas son dévolu sur le symptôme ou l’organe du malade. Elle considère ce dernier dans un contexte global par rapport à son environnement. Ainsi, l’homéopathe écoute le patient et l’accompagne au quotidien en passant au crible ses habitudes, alimentaires notamment.

De plus, comme le rappelle le docteur Antoine Demonceaux, le médicament homéopathique n’a pas d’effets indésirables (il ne fait pas de mal). On ne peut pas en dire de même des antibiotiques et certains médicaments dont le mésusage provoque de nombreux morts chaque année. Sans oublier la cascade de scandales, dont l’affaire du Mediator.

« L’homéopathie a sa place dans les systèmes de soin »

Antoine Demonceaux appelle en outre certains collègues à faire preuve d’humilité. Ces professionnels qui traitent les homéopathes de « zozos qui sont avec une pendule dans un coin… », alors que ce sont des médecins généralistes qui font leur métier comme les autres. Le plus navrant, c’est que les médecins homéopathes ne s’inscrivent d’ailleurs pas dans une attitude d’adversité puisqu’avec l’homéopathie, il s’agit de complémentarité, pas de substitution. Dès lors, « l’homéopathie en tant que thérapeutique a aujourd’hui sa place dans les systèmes de soin », estime le docteur Antoine Demonceaux.

Par SafeMed

Collectif de patients et professionnels de santé pour une médecine intégrative.