Médecines douces : quel regard portent les Français sur ces pratiques ?

Alors que les médecines douces sont souvent critiquées, voire vilipendées, dans les médias (l’exemple le plus récent étant la campagne médiatique pour le déremboursement de l’homéopathie), l’institut Harris Interactive est allé à la rencontre des Français pour savoir ce qu’ils pensent réellement de ces thérapies. Selon ce sondage, une large majorité de nos concitoyens ont confiance en ces pratiques et en sont même adeptes.

Depuis plusieurs mois, les médecines alternatives, particulièrement l’homéopathie, sont égratignées dans les médias. L’argumentation binaire développée (les médecines alternatives ne sont pas plus efficaces que des placebos), difficile de faire émerger un débat constructif. C’est dans ce contexte que le gouvernement a acté le déremboursement de l’homéopathie à partir de 2021.

Un débat confisqué par les dirigeants politiques et les médias et qui vise à étouffer la parole des patients. Pourtant, les Français se sont mobilisés pour tenter de sauver l’homéopathie, à travers diverses initiatives comme la pétition Mon Homéo, Mon Choix ! pour le maintien du remboursement des médicaments homéopathiques. Une initiative parmi d’autres qui vise avant tout à donner la parole aux principaux concernés : les Français.

La parole aux patients

C’est dans cette même logique que le site SantéClair s’est associé à l’institut de sondage Harris Interactive pour lancer une vaste étude sur la place des médecines douces dans le parcours de soins des Français. Les résultats récemment dévoilés montrent que nos compatriotes font preuve d’un grand intérêt envers ces pratiques.

En effet, 71% des sondés disent avoir déjà eu recours à au moins une pratique de médecine douce au cours des derniers mois, avec une préférence pour l’acupuncture (58%), l’ostéopathie (49 %) et l’homéopathie (33%). Au moins 30% se sont tournés vers ces thérapies en première intention.

Les Français considèrent généralement ces pratiques comme complémentaires à la médecine traditionnelle (88%). Seul 7% des sondés se déclarent en opposition ou en rupture avec les médecines douces.

Les Français ont surtout une bonne image des médecines alternatives, comme l’ostéopathie (80%), la diététique (73 %), l’homéopathie (72%), l’acupuncture (72%) et la psychologie (63%).

Pourquoi ? Parce qu’elles sont considérées comme plus innovantes (37%) que la médecine traditionnelle (25%), plus respectueuses de l’organisme (62 %), de l’environnement (60 %) ou permettant de soigner sans médicaments (83 %).

Frédérick Cosnard, le directeur médical chez SantéClair, explique cette image par le fait qu’« aujourd’hui on a une médecine traditionnelle hyper spécialisée, très invasive. Alors que l’approche de la médecine douce est une approche globale de la personne dans son intégralité et non pas d’un organe. C’est une approche respectueuse du corps et aussi respectueuse de l’environnement ».

Les sondés se montrent largement satisfaits des soins reçus

Mais qu’en est-il de leur efficacité ? Les détracteurs de l’homéopathie par exemple affirment qu’elle n’est pas plus efficace qu’un placebo. Pour Frédérick Cosnard, c’est une question de méthodologie. Ces thérapies « n’utilisent pas forcément le même cadre, les mêmes référentiels que les études cliniques que l’on conduit pour les médicaments », explique-t-il.

« Elles n’ont jamais fait la preuve de leur efficacité. Est-ce que ça veut dire pour autant qu’elles sont inefficaces ? Non. Ça veut dire que du point de vue méthodologique, on ne sait pas montrer leur efficacité. Lorsque vous interrogerez les personnes qui les consomment ou les utilisent, elles disent que ça les a nettement améliorées », tranche Frédérick Cosnard.

Que disent justement les Français ? Dans l’ensemble, les sondés se montrent satisfaits des soins reçus (92% pour l’ostéopathie et 89% pour l’homéopathie). Aussi, ils perçoivent ces pratiques comme efficaces pour soigner les petits maux (91 %), utiles (87 %) ou encore efficaces en matière de prévention en santé (83 %). A noter, parmi les 3 Français sur 10 n’en ayant jamais eu recours aux médecines douces, une minorité évoque le fait de ne pas croire en leur efficacité ou de ne pas avoir confiance envers les praticiens. Ce dernier point est l’un des freins dans le recours à ces thérapies.

Quelques difficultés dans le parcours de soins

Certains sondés ont émis des interrogations sur la crédibilité des praticiens et leur encadrement professionnel. Ainsi, manifestent-ils un besoin d’information sur les éléments permettant de valider le professionnalisme des praticiens et la certification de leurs pratiques. C’est d’ailleurs le critère des diplômes et de la formation qui est considéré comme le plus important (88%) dans le choix d’un spécialiste.

Une partie des sondés pointent du doigt le coût des consultations. Les difficultés rencontrées concernent plus précisément des questions de prise en charge et remboursement (60%) et de tarifs pratiqués (55%). Il y a en outre les difficultés liées à l’accessibilité géographique, avec 44% des patients qui disent avoir rencontré des complications pour trouver un praticien proche de chez eux.

Par SafeMed

Collectif de patients et professionnels de santé pour une médecine intégrative.