Homéopathie : les prises de position contradictoires d’Agnès Buzyn

La ministre de la Santé, Agnès Buzyn a pris au cours de ces derniers mois des positions contradictoires à l’égard de l’homéopathie. Longtemps favorable au remboursement de cette médecine complémentaire qu’elle connaissait bien en tant que médecin, elle se range désormais à l’avis de la Haute Autorité de Santé (HAS) en faveur du déremboursement. L’effet de pressions des grands laboratoires pharmaceutiques ?

Un changement de position soudain

Lors de ses nombreuses interventions médiatiques, la ministre de la santé Agnès Buzyn a été confrontée plusieurs fois à la question du déremboursement des médicaments homéopathiques par l’assurance-maladie.

Avant que le sujet ne soit transmis à la Haute Autorité de Santé, la ministre était claire quant à son opinion sur le sujet. Invitée de la matinale RMC/BFM TV le 12 avril 2018, elle a expliqué que parmi les médecines non-conventionnelles, « c’est la seule qui sera remboursée ». Avant d’ajouter : « Les Français y sont attachés, si cela peut éviter le recours à des médicaments toxiques, je pense que nous y gagnons collectivement ».

Pourtant, lorsque le débat médiatique a commencé à s’intensifier, Agnès Buzyn, s’est immédiatement ravisée sur les bénéfices de l’homéopathie. Le 24 mai 2018, sur les ondes de France Inter, elle avoue même que « le problème de l’homéopathie, c’est qu’elle n’a jamais été évaluée comme un médicament ». Un changement de ton surprenant, peu avant qu’elle ne saisisse la Haute Autorité de Santé (HAS).

Dénigrer la médecine homéopathique

Plus encore qu’un simple changement d’opinion, c’est un changement de discours. Après avoir saisi la HAS, la ministre s’est montrée toujours plus négative à l’égard de la thérapeutique et de son rôle dans les démarches de soin. « Il y a peu de chances » qu’elle prescrive de l’homéopathie, a-t-elle déclaré sur France Inter le 23 septembre 2018. Avant de préciser : « quand on connait ma spécialité, la cancérologie et l’hématologie, l’homéopathie est assez peu utilisée ».

Une déclaration qui va à rebrousse-poil de nombreuses pratiques en oncologie (traitement du cancer) où l’homéopathie y est souvent associée pour apaiser les effets secondaires de traitements lourds comme les chimiothérapies. A l’heure actuelle en France, 18 centres hospitaliers ont intégré l’homéopathie en tant que complément dans les protocoles de soins et les prescriptions médicamenteuses. Agnès Buzyn ne peut pas l’ignorer…

Mais ce n’est pas tout. Un an plus tard, alors que la HAS poursuit ses travaux sur l’efficacité homéopathique, la ministre de la Santé va encore plus loin dans un article de Paris Match le 25 avril 2019. Agnès Buzyn y remet en question la clarté du jugement des Français adeptes de l’homéopathie. Elle déclare qu’une « partie des Français y sont très attachés et ont l’impression sincère que les produits homéopathiques sont efficaces ». Pourtant, quand on sait qu’environ un Français sur deux consomme de l’homéopathie depuis plus de 10 ans (selon un sondage Ipsos), « l’impression » évoquée par Madame la Ministre tient sûrement plus de la certitude.

Par SafeMed

Collectif de patients et professionnels de santé pour une médecine intégrative.