Conditions d’évaluation de l’homéopathie : la HAS refuse le sectarisme

La Haute Autorité de Santé (HAS) a publié cette semaine le décret fixant le cadre juridique des conditions d’évaluation des médicaments homéopathiques. Une décision équilibrée, qui donne une interprétation large et globale du service médical rendu, mais que certains extrémistes anti-homéopathie ont immédiatement attaqué. Le point sur la situation.

Ce n’est pas une nouveauté, mais un certain nombre de médecins et de journalistes médicaux veulent la peau de l’homéopathie. Une thérapeutique trop éloignée, à leur goût, des canons scientistes selon lesquels la médecine moléculaire serait l’origine et le but de toute pratique médicale. Tant pis si les Français plébiscitent l’homéopathie ! Tant pis si ces traitements ont fait leurs preuves depuis plus d’un siècle !

Faute de principe actif moléculaire, l’homéopathie ne pourrait être qu’un placébo, une charlatanerie ne pouvant soigner que les nigauds qui veulent bien y croire. Cette posture n’est pas débattable et tient même lieu de religion pour nombre d’anti-homéopathie qui ne veulent pas voir plus loin que le bout des savoirs actuels et des dogmes hélas souvent enseignés en faculté de médecine.

Le décret de la HAS, publié le 17 mars, qui prévoit l’évaluation des apports thérapeutiques de 1200 médicaments homéopathiques, est un camouflet pour le camp des sectaires. Pourquoi ? Parce que la HAS s’accorde sur une acceptation large et globale du service médical rendu, là où les opposants souhaiteraient le limiter à sa portée moléculaire (et nier par ce fait toute possibilité à l’homéopathie de démontrer son efficacité).

La HAS précise justement que les médicaments homéopathiques seront évalués « en prenant en compte leur efficacité et leurs effets indésirables, leur place dans la stratégie thérapeutique (notamment au regard d’autres traitements disponibles), la gravité des affections auxquelles ils sont destinés et leur intérêt pour la santé publique ». Une vision riche du service rendu qui doit permettre à l’homéopathie de pouvoir démontrer son efficacité.

En clair, la HAS refuse de racornir la médecine aux effets des seuls principes actifs pour accepter une lecture qui permette de prendre en compte les réalités des patients, d’analyser les avantages thérapeutiques, mais aussi la baisse de consommation de médicaments, celle d’effets secondaires, et même les problématiques d’interactions médicamenteuses.

Car l’homéopathie est une thérapeutique connue pour permettre, à résultats identiques, des réductions de prises de certains médicaments, et notamment de psychotropes. Un service rendu indéniable qui pourrait aussi expliquer une partie de l’animosité à son égard. Les grands laboratoires pharmaceutiques, qui font la pluie et le beau temps dans le monde médical, ne voient pas d’un très bon œil cette médecine complémentaire efficace… et qui réduit les besoins en médicament.

Le décret de la HAS va surtout permettre, après des mois de polémique stérile où des praticiens enragés ont fait feu de tout bois contre l’homéopathie, de redonner la parole aux patients, qui année après année renouvellent leur confiance à l’égard de l’homéopathie. C’est sans doute la plus importante de toutes les évaluations.

Par Antoine Demonceaux

Médecin généraliste, homéopathe et psychanalyste

Bonjour, je m'appelle Antoine Demonceaux. Je suis médecin généraliste, homéopathe et psychanalyste depuis plus de 35 ans. Je suis également le Président de l'association Centre Ressource Reims.