Quand on veut tuer son chien…

Le débat sur l’homéopathie fait rage, chacun fourbit ses armes, produisant des études qui doivent rendre un jugement définitif sur la question de l’efficacité de l’homéopathie.
Il en est pourtant une qui rassemble tous les avis négatifs contre elle, pros ET anti homéopathie. Et curieusement, elle continue d’être relayée comme l’argument ultime contre l’homéopathie. Examinons les faits.

En ce moment, nombre de débatteurs brandissent la désormais fameuse étude australienne, parue officiellement en 2015. Que les pros homéopathie la rejettent, cela pourrait passer pour du militantisme. Mais les anti-homéo sont désormais face à des contradictions que les tenants de la preuve scientifique et de la rigueur méthodologique ont du mal à expliquer. Or il me semble que prendre un peu de recul ne nuirait ni aux uns, ni aux autres.

Reprenons les faits. Dès mars 2014, le Conseil national de recherche médicale et santé (la NHMRC) a rendu ses conclusions : l’homéopathie est inefficace dans toutes les maladies. Conséquence : l’agence conseille le déremboursement de ses médicaments. CQFD.

Quel est le contexte ? Cette étude provient d’un pays anglo-saxon où l’homéopathie est quasi inexistante. Mais dans un contexte où le gouvernement est dans une trajectoire de déremboursement, elle vient à point nommé en 2015. Résultat : le Sénat a bel et bien supprimé le remboursement de l’assurance maladie privée pour ces thérapies, le 11 septembre 2018.

L’arroseur arrosé. Or qu’apprend-on face au scandale provoqué par cette étude qui conclut que « après une évaluation fondée sur la recherche de preuves, l’homéopathie ne serait efficace dans aucune des maladies analysées ». Que l’agence de santé a dérogé aux principes méthodologiques habituels, n’a pas suivi les standards scientifiques appliqués pour toute méta-analyse, à savoir : rédiger des protocoles de recherche. Qui plus est, elle les aurait modifié en cours de route. Or les protocoles de recherche sont une garantie importante utilisée pour réduire et prévenir les biais de déclaration dans les études scientifiques. Il consiste à décrire en détail avant le début d’une étude, tous les aspects essentiels du projet (la question de recherche, les méthodes d’extraction des données, les critères utilisés pour déterminer quelles études seront incluses ou exclues de la revue et comment les données seront analysées pour produire les résultats finaux.) Il semblerait qu’elle ait rédigé la façon de faire en même temps qu’elle analysait les résultats.

De là à penser qu’on aurait voulu à toute force prouver que le chien dont on veut se débarrasser a la gale… Pour le moins, on restera sur une légèreté méthodologique.

Une conclusion qui porte sur 5 études. Résultat : 171 des 176 études incluses ont été classées comme « non fiables », ce qui signifie qu’elles ont été écartées des conclusions publiées comme n’apportant « aucune preuve fiable ». Les conclusions de l’étude ne reposent donc que sur 5 études considérées « fiables » – non communiquées au public. Le problème me direz-vous ? Peut-être en effet ne l’étaient-elle pas aux yeux des scientifiques ? Mais pourquoi ce tour de passe-passe après coup comme l’a montré l’enquête judiciaire indépendante sur le process de la NHMRC qui a donc rejeté 97,2 % des études initialement incluses dans sa synthèse ?

Et ce n’est qu’une des anomalies de cette étude, recensées par les sociétés savantes suisse et anglaise, respectivement peu suspectes d’hystérie, que vous pourrez trouver ici et ici.

Attention donc à ne pas donner de leçons de rigueur scientifique que l’on ne saurait suivre soi-même.

Sources :

 

Par SafeMed

Collectif de patients et professionnels de santé pour une médecine intégrative.